Vous prévoyez de partir en Inde ? Vous voulez me rendre une visite, peut-être ? Quelle bonne idée !
Mais est-ce que vous vous rendez compte de ce par quoi il va falloir passer, avant de prendre l'avion ? Et oui, partir en Inde, ça n'est pas donné à tout le monde ! Ils sont malins, les Indiens, ils ont mis en place un véritable parcours initiatique pré-départ, afin de sélectionner uniquement les touristes (et étudiants) les plus méritants. Faut être accroché !
Vous aimez vous lever tôt ? Vous rêvez de files d'attente ? Vous aimez avoir chaud et être plus serrés que des Parisiens dans le métro, dans une toute petite salle ? Vous avez 3 jours devant vous ? Vous avez quelqu'un chez qui squatter à Paris pendant ce temps ? Ou alors vous faites partie de l'association des "Enfants de Don Quichotte" et ils vous fournissent une tente à planter sur le trottoir ? Parfait, vous vous rapprochez du profil du candidat idéal à un séjour prolongé au Consulat.
Prévoyez un bon gros bouquin. Ou le Canard Enchaîné, très populaire dans la queue le mercredi. De la musique, mais attention, il faut aussi savoir garder une oreille attentive aux vagues informations qui vous seront données. Et maintenant, c'est parti, je vous emmène avec moi au Consulat...
Mercredi, 8h du matin, 16e arrondissement de Paris. Les belles avenues, les beaux bâtiments... Et à un coin de rue, une queue d'au moins 200 personnes, déjà... Dire que l'ambassade n'ouvre qu'à 9h15...
Enfin est censée ouvrir à 9h15. Ca fait 1h30 que j'attends, et là, soudain, du mouvement ! Bon, comme jamais personne m'a expliqué comment ça se passe, je sais pas trop pourquoi ça bouge. Je pense (naïvement, il faut bien le dire), que les gens commencent à entrer dans le consulat. Que nenni !
On ne rentre pas au consulat en faisant une simple queue ! On fait la queue pour obtenir un ticket (vous savez, qui vous donne l'ordre de passage, comme à la boucherie...). Et une fois que t'as le ticket, tu continues à attendre que ton numéro soit appelé à un guichet.
Encore faut-il l'obtenir. Trois personnes avant moi, le monsieur qui donnait les tickets... n'a plus de tickets à donner ! Il ne dit rien mais retourne dans le bâtiment. Peut-être va-t-il chercher des tickets ? Encore un espoir déçu. 3/4h plus tard, personne n'est revenu. Les gens commencent à se décourager, à se dire qu'il ne reviendra pas. De toutes façons, il est déjà 10h30, et normalement ils arrêtent de distribuer les tickets à 10h15...
Mais quelqu'un qui est visiblement habitué, me dit gentiment : ne partez pas, c'est tout à fait normal (!), il va revenir. On rentre dans le hall du consulat (9m² à tout casser, on est 25, les autres sont restés dehors) pour demander plus d'infos. Mais "infos"... ils ont pas l'air de connaître le terme ! "On sait pas". "On peut pas vous dire".
A 11h, finalement, alors que la plupart des gens se sont effectivement découragés, le type ressort, avec une vingtaine de tickets. Il se fait bondir dessus, arracher les tickets des mains. Ca a l'air d'être une scène tout à fait classique, il tient les tickets à bout de bras et ne moufte pas. La même personne qui, quelques minutes plus tôt, me disait de ne pas partir, a arraché deux tickets, et m'en donne un. Le précieux sésame, qui va me permettre d'accéder, à mon heure, au guichet des visas...
Mais pour le moment, on attend. Dans un premier temps, je me pose devant l'écran qui annonce les numéros. Mais au bout d'un moment, je me rends compte que celui-ci est bloqué au numéro 224 depuis 1/4h. J'ai le numéro 639, alors ça m'inquiète un peu. Je pose la question à une personne qui attend dans le petit couloir menant aux guichets, qui me dit : "le tableau est en panne depuis lundi après-midi". Ca aussi, visiblement, c'est du classique... En tout cas, ça veut dire qu'il faut aller dans la salle des guichets pour entendre les numéros qui sont appelés, et répercutés par les autres personnes qui attendent dans la salle. On se retrouve dans une salle un peu plus grande. Disons 15m². Mais on est trois fois plus nombreux. Plus serrés que des sardines de Douarnenez une fois installées dans leur boîte de conserve...
Finalement, mon numéro est appelé. Il est 12h55. Le stress monte. Les documents que je présente pour mon dossier de visa étudiant ne correspondent pas exactement à ce qui est demandé, et les fonctionnaires indiens m'ont l'air du genre tâtillons. Effectivement, le type derrière le guichet (qui parle un mélange de français, d'anglais et d'hindi ou quelque chose de ce goût-là) commence par trouver bizarre que j'ai autant de documents. Finit par comprendre que je demande un visa étudiant (je sais, y'a pas idée, aussi !). Regarde les documents en long, en large, et en travers. Fait des calculs et des annotations. Le stress monte encore d'un cran. Je commence à détester ce type, pas plus aimable qu'un tigre du Bengale enragé. Mais je me force à faire un grand sourire, à répondre gentiment et clairement aux questions posées (à côté de ça, l'Inquisition espagnole, c'était du gâteau...). Et finalement, j'entends la phrase qui veut dire qu'il accepte le dossier. "80 euros, please"... Et en cash, s'il vous plaît...
Il me donne le reçu, me dit de revenir le lendemain, et avant que je puisse poser la moindre question, dire merci ou au revoir, il est déjà passé au dossier suivant. Je dis quand même merci (dans le vide), fais un dernier sourire... et sors enfin du consulat, le reçu serré dans la main (ne pas le perdre, surtout ne pas le perdre !). Il est 13h, j'ai attendu 5h pour déposer un dossier !
La suite au prochain épisode : le retrait !
(Et pour plus de détails utiles, si vous voulez vraiment partir en Inde, n'hésitez pas à me demander...)
Mais est-ce que vous vous rendez compte de ce par quoi il va falloir passer, avant de prendre l'avion ? Et oui, partir en Inde, ça n'est pas donné à tout le monde ! Ils sont malins, les Indiens, ils ont mis en place un véritable parcours initiatique pré-départ, afin de sélectionner uniquement les touristes (et étudiants) les plus méritants. Faut être accroché !
Vous aimez vous lever tôt ? Vous rêvez de files d'attente ? Vous aimez avoir chaud et être plus serrés que des Parisiens dans le métro, dans une toute petite salle ? Vous avez 3 jours devant vous ? Vous avez quelqu'un chez qui squatter à Paris pendant ce temps ? Ou alors vous faites partie de l'association des "Enfants de Don Quichotte" et ils vous fournissent une tente à planter sur le trottoir ? Parfait, vous vous rapprochez du profil du candidat idéal à un séjour prolongé au Consulat.
Prévoyez un bon gros bouquin. Ou le Canard Enchaîné, très populaire dans la queue le mercredi. De la musique, mais attention, il faut aussi savoir garder une oreille attentive aux vagues informations qui vous seront données. Et maintenant, c'est parti, je vous emmène avec moi au Consulat...
Mercredi, 8h du matin, 16e arrondissement de Paris. Les belles avenues, les beaux bâtiments... Et à un coin de rue, une queue d'au moins 200 personnes, déjà... Dire que l'ambassade n'ouvre qu'à 9h15...
Enfin est censée ouvrir à 9h15. Ca fait 1h30 que j'attends, et là, soudain, du mouvement ! Bon, comme jamais personne m'a expliqué comment ça se passe, je sais pas trop pourquoi ça bouge. Je pense (naïvement, il faut bien le dire), que les gens commencent à entrer dans le consulat. Que nenni !
On ne rentre pas au consulat en faisant une simple queue ! On fait la queue pour obtenir un ticket (vous savez, qui vous donne l'ordre de passage, comme à la boucherie...). Et une fois que t'as le ticket, tu continues à attendre que ton numéro soit appelé à un guichet.
Encore faut-il l'obtenir. Trois personnes avant moi, le monsieur qui donnait les tickets... n'a plus de tickets à donner ! Il ne dit rien mais retourne dans le bâtiment. Peut-être va-t-il chercher des tickets ? Encore un espoir déçu. 3/4h plus tard, personne n'est revenu. Les gens commencent à se décourager, à se dire qu'il ne reviendra pas. De toutes façons, il est déjà 10h30, et normalement ils arrêtent de distribuer les tickets à 10h15...
Mais quelqu'un qui est visiblement habitué, me dit gentiment : ne partez pas, c'est tout à fait normal (!), il va revenir. On rentre dans le hall du consulat (9m² à tout casser, on est 25, les autres sont restés dehors) pour demander plus d'infos. Mais "infos"... ils ont pas l'air de connaître le terme ! "On sait pas". "On peut pas vous dire".
A 11h, finalement, alors que la plupart des gens se sont effectivement découragés, le type ressort, avec une vingtaine de tickets. Il se fait bondir dessus, arracher les tickets des mains. Ca a l'air d'être une scène tout à fait classique, il tient les tickets à bout de bras et ne moufte pas. La même personne qui, quelques minutes plus tôt, me disait de ne pas partir, a arraché deux tickets, et m'en donne un. Le précieux sésame, qui va me permettre d'accéder, à mon heure, au guichet des visas...
Mais pour le moment, on attend. Dans un premier temps, je me pose devant l'écran qui annonce les numéros. Mais au bout d'un moment, je me rends compte que celui-ci est bloqué au numéro 224 depuis 1/4h. J'ai le numéro 639, alors ça m'inquiète un peu. Je pose la question à une personne qui attend dans le petit couloir menant aux guichets, qui me dit : "le tableau est en panne depuis lundi après-midi". Ca aussi, visiblement, c'est du classique... En tout cas, ça veut dire qu'il faut aller dans la salle des guichets pour entendre les numéros qui sont appelés, et répercutés par les autres personnes qui attendent dans la salle. On se retrouve dans une salle un peu plus grande. Disons 15m². Mais on est trois fois plus nombreux. Plus serrés que des sardines de Douarnenez une fois installées dans leur boîte de conserve...
Finalement, mon numéro est appelé. Il est 12h55. Le stress monte. Les documents que je présente pour mon dossier de visa étudiant ne correspondent pas exactement à ce qui est demandé, et les fonctionnaires indiens m'ont l'air du genre tâtillons. Effectivement, le type derrière le guichet (qui parle un mélange de français, d'anglais et d'hindi ou quelque chose de ce goût-là) commence par trouver bizarre que j'ai autant de documents. Finit par comprendre que je demande un visa étudiant (je sais, y'a pas idée, aussi !). Regarde les documents en long, en large, et en travers. Fait des calculs et des annotations. Le stress monte encore d'un cran. Je commence à détester ce type, pas plus aimable qu'un tigre du Bengale enragé. Mais je me force à faire un grand sourire, à répondre gentiment et clairement aux questions posées (à côté de ça, l'Inquisition espagnole, c'était du gâteau...). Et finalement, j'entends la phrase qui veut dire qu'il accepte le dossier. "80 euros, please"... Et en cash, s'il vous plaît...
Il me donne le reçu, me dit de revenir le lendemain, et avant que je puisse poser la moindre question, dire merci ou au revoir, il est déjà passé au dossier suivant. Je dis quand même merci (dans le vide), fais un dernier sourire... et sors enfin du consulat, le reçu serré dans la main (ne pas le perdre, surtout ne pas le perdre !). Il est 13h, j'ai attendu 5h pour déposer un dossier !
La suite au prochain épisode : le retrait !
(Et pour plus de détails utiles, si vous voulez vraiment partir en Inde, n'hésitez pas à me demander...)
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